Jason-3, l'odyssée des océans
Comprendre le fonctionnement de la Terre est essentiel pour relever les défis des changements climatiques. Après la conférence de Copenhague en 2010, tout doit être mis en œuvre pour que le rendez-vous de Paris, en décembre 2015, soit un succès. La conférence COP 21 devra s’appuyer sur des éléments scientifiques objectifs dont la plupart proviennent des systèmes spatiaux d’observation de la Terre réalisés en coopération internationale.
Crédits Cnes, 2015.
Interview Dr. Michael Freilich, Earth Science Division Director, NASA : Aucune agence isolée et aucune nation peut tout seul réaliser toutes les mesures et toute la science pour comprendre le fonctionnement global de la Terre.
Ainsi, dans le domaine des océans, la France et les Etats Unis font figure de pionnier.
Interview Dr. Michael Freilich, Earth Science Division Director, NASA: NASA et CNES ont une très vieille relation soutenue et productive de coopération, depuis presque 30 ans. Les agences ont exploré les technologies de pointe et délivré des mesures très précises dans le domaine de l’altimétrie spatiale.
Topex-Poséidon, puis Jason 1 et Jason 2, ont révolutionné la connaissance de la circulation océanique globale.
Interview Dr. Michael Freilich, Earth Science Division Director, NASA: Grace à la coopération entre le CNES et la NASA, et, au fil des ans celle également des agences Eumetsat et NOAA, nous comprenons en détail le changement du niveau de la mer à la fois globalement et au niveau des disparités régionales.
La planète se réchauffe du fait des gaz à effet de serre et le principal indicateur est le suivi du niveau des mers. Rien n’est donc plus important que de poursuivre ce suivi avec précision grâce au lancement de Jason 3 en 2015.
Interview Parag Vaze, Jason-3/SWOT project manager, JPL: Jason 3 fait partie d’une série de satellites altimétriques pour construire une longue série d’acquisition sur le climat à long terme et alors que de nouveaux satellites arrivent et que des anciens sont abandonnés c’est important qu’il n’y ait pas de rupture dans ces mesures et de lancer Jason 3 au moment opportun.
Interview Gérard Zaouche, chef de projet Jason-3, CNES: Jason 1 a terminé sa mission en 2013. Jason 2 a été lancé en 2008 et en est à sa septième année d’opérations sur orbite alors que sa durée de vie nominale est de 3 ans. Il nous fallait au plus vite disposer d’un satellite en orbite. C’est pourquoi, notre capacité et notre savoir-faire ont été mobilisés pour préparer Jason 3.
Cela représente plusieurs centaines de personnes aux Etats Unis et en Europe et chez le maître d’œuvre industriel Thalès Alenia Space, une centaine de personnes au CNES qui est responsable de la coordination système, des opérations de maintien en vol du satellite et de la performance de la mission.
Outre le suivi du niveau des mers et sa contribution à l’étude du changement du climat, la mission Jason 3, c’est aussi la possibilité de poursuivre le développement de l’océanographie opérationnelle. Les applications au service des gens de mer, météorologie marine et bien d’autres encore, ne peuvent plus se passer des données de l’océanographie spatiale. Ici encore, la continuité est essentielle.
Interview Alain Ratier, directeur général Eumetsat : On est dans une phase de transition opérationnelle qui implique à la fois des agences de Recherche et Développement que sont le CNES et la NASA et des agences opérationnelles que sont la NOAA et Eumetsat. C’est un partenariat très fort qui répond à une question clé : c’est comment faire la transition de missions de démonstration et de recherche à des missions opérationnelles. Ce qui a été fait en météorologie avec Météosat il y a plus de 30 ans mais il faut le faire pour l’océanographie et c’est ca qu’on est en train de faire.
Toute une communauté internationale dans plus de 120 pays est désormais mobilisée à cet objectif.
Interview Parag Vaze, Jason-3/SWOT project manager, JPL: ça a démarré avec les équipes scientifiques de la NASA et du CNES. Et maintenant ca s’est développé avec des milliers de chercheurs à travers le monde qui ont rejoint ce groupe et vont de l’avant.
Avec le soutien de cette forte communauté et en s’appuyant sur la qualité des données et des retours scientifiques de la mission de référence Jason-3, l’étroite collaboration inter-agences va permettre également de préparer et mener à bien les missions du futur.
Interview Gérard Zaouche, chef de projet Jason-3, CNES: Le futur, c ‘est d’abord réussir la mise à poste et les opérations Jason 3 qui viendront compléter l’exploitation Jason 2 et Saral. Ensuite, continuer l’enrichissement de ce qu’on appelle la constellation altimétrique avec Sentinel 3, jason CS et SWOT, la mission phare CNES/ NASA à l’horizon 2020 qui va révolutionner l’altimétrie et permettre de mesurer non seulement l’océan mais aussi les eaux continentales avec une précision et une couverture inégalées à ce jour.
Interview Alain Ratier, directeur général Eumetsat : L’avenir, c’est poursuivre la continuité, réaliser SWOT, l’évaluer et se poser la question de ce que sera le meilleur système d’observation dans 15 ans.