L'ouragan Katrina a dévasté les côtes des états de Louisiane et du Mississipi (États-Unis), provoquant l'inondation de la Nouvelle Orléans fin août 2005. La température de surface le 28 août 2005 dans le Golfe du Mexique montre des valeurs supérieures à 26°C sur la majeure partie de la zone, condition nécessaire (mais non suffisante) pour créer et alimenter un ouragan.
Du fait que la température de surface est largement homogène dans la région, elle ne révèle pas les structures chaudes et profondes, comme le Loop Current (cf Image du mois, avril 2003 : Un courant qui fait des ronds dans l'eau) et ses tourbillons anticycloniques (chauds) associés, qui connaissent des températures de plus de 26°C sur des profondeurs de plusieurs dizaines de mètres. L'altimétrie, par contre, permet d'identifier facilement de telles structures sous forme d'anomalies positives de hauteur de mer.
Les vents à la périphérie d'un ouragan mélangent les eaux de surface et de profondeur sur son passage, refroidissant en général l'eau de surface sous les 26°C. Dans le Loop Current, par contre, l'eau est encore chaude en profondeur, et ce refroidissement ne s'effectue pas; les eaux restent au-dessus de 26°C, et et constituent donc des réservoirs de chaleur énormes, et persistants, dans le Golfe du Mexique.
On pense que le Loop Current et ses tourbillons chauds ont une influence sur l'intensification des ouragans, et même sur leur trajectoire. Cependant, dans le cas de Katrina, des études plus appronfondies sur les conditions atmosphériques et océaniques (y compris celles obtenues par altimétrie), ainsi que la modélisation de cet ouragan seront nécessaires pour établir le rôle exact que l'océan a joué dans son intensification dans le Golfe du Mexique. Ce genre d'étude permettra d'aider les décideurs en fournissant des informations exactes pour donner le plus tôt possible l'alerte aux habitants des zones côtières.
Anomalies de hauteur de mer (à gauche) et potentiel de chaleur cyclonique issu de l'altimétrie (à droite) le 28 août 2005, sur lesquels sont superposés la trajectoire et l'intensité de Katrina. L'intensification de Katrina semble correspondre à son passage au-dessus du Loop Current.
(Crédits Noaa/AOML).