L'océan a des sons, une acoustique. Comment l'écouter ? Des itérations successives vont le permettre. Le chercheur est ici le créateur. L'air court, il ne faut par le perdre. On se précipite sur une feuille de papier : quelques notes sur une portée. L'air prend corps. On le nourrit, on fait une première orchestration. On le joue entre amis pour apprécier s'il sonne juste et s'il parle. Mais cet air va devoir prendre une tournure plus formelle. Les chercheurs vont donner la tonalité, la clé. Les éditeurs vont en faire des partitions, des cassettes, des disques et permettre ainsi à d'autres de le jouer maintenant - dans le monde entier - mais aussi plus tard dans 50 ou 100 ans. La partition devra être d'autant plus rigoureuse que la musique évoluera avec le temps, que d'autres orchestres, d'autres solistes - certains ne sont pas nés - la joueront, y ajouteront leur cadence, avec de nouveaux instruments.
Aviso c'est cela : ce n'est pas seulement, bien que cela soit important, une solution technique mais c'est aussi une solution culturelle.
La répartition des tâches devra être plus souple. C'est aussi plus difficile et suppose un dialogue permanent. Le matériel, le contenu et les partenaires changeront mais la méthode restera ouverte.
L'océan est à cet égard un exemple : surface mouvante en perpétuel changement et devenir - mezzovoce, largo, furioso - Epouser cette mouvance demande la solidité du navire - Aviso - et l'expérience, les trouvailles et les facultés d'adaptation des équipages.
Un peu d'intuition permettra d'anticiper sur les nouveaux modèles ou algorithmes en conservant les données qui leur seront utiles.
Débuter Aviso avec le projet Topex/Poséidon, c'est une double chance. Pour Aviso, c'est travailler sur un cas concret avec un environnement assuré; pour Topex/Poséidon, c'est la garantie du long terme. D'autres projets viendront. Il faudra accorder nos altimètres, j'allais dire nos altos. D'autres instruments apporteront leur coloration, leurs fréquences.
A bientôt le premier compact. S'il y subsiste des erreurs, des fausses notes - au fait qui peut distinguer une fausse note d'un son cuivré ou d'une tonalité nouvelle ? - sachez que les lecteurs ne rectifieront pas tout d'eux-même : les auditeurs, les joueurs et les facteurs d'instruments seront toujours sur le "pont".
Allez sans crainte en pleine mer, Aviso sera votre escorteur.....
Le premier bulletin sert de faire-part. Mais l'arrivée d'Aviso (comprenez Altimétrie) ne doit rien au hasard. Aviso n'est pas seulement un nom, ce n'est plus seulement un concept. C'est l'aboutissement d'une réflexion commune entre les utilisateurs - les vrais, ceux qui s'affrontent aux observations - les responsables des projets et les experts en gestion informatique des données.
L'effort entrepris pour Aviso veut faire la synthèse entre deux impératifs :
- le premier impératif est la continuité : l'idée qu'on pourra mais aussi qu'on devra analyser les données sur de longues séries temporelles homogènes (20 ans est un minimum si l'on parle de climat). Il s'agit d'observations spatiales qui ont par essence un débit d'information assez grand. Il est difficile de demander à un laboratoire de recherche ou même un institut d'assurer seul ce service sous peine d'y consacrer toutes ses ressources humaines. On se trouve dans la situation du mexicain qui grattant sa guitare obtient d'abord quelques notes puis s'il réussit, se retrouve submergé sous une avalanche et perd son identité.
- le deuxième impératif est la qualité et donc la souplesse. Pour pallier les difficultés mentionnées plus haut, on met en place un service ayant l'assise informatique et la compétence en gestion de données. On demande seulement à l'utilisateur - actuel ou futur - de donner des spécifications que l'on respectera au mieux.
Nous savons maintenant qu'il est nécessaire et possible d'assurer les deux fonctions apparemment inconciliables.
Pour mieux le faire comprendre, comparons cela à une symphonie musicale. Ce pourrait être la Symphonie du Nouveau Monde - ici, c'est la symphonie N°40 de Mozart. (Extrait)