Editorial
A peine un an s'était écoulé depuis le lancement de TOPEX/POSEIDON (noté par la suite T/P) que l'ensemble de la communauté océanographique accédait à des résultats impressionnants à partir des GDRs. "No special knowledge in areas of ... orbit mechanics was needed" pouvait on lire (Cheney et al. : T/P The 2 cm solution - JGR Vol. 99, No C12, page 24, 562). L'intention des auteurs n'était certes pas de prédire que rien ne pouvait désormais se passer dans le domaine de l'orbitographie. Ils soulignaient la qualité des orbites obtenue par les équipes POD NASA et CNES (POD : Precise Orbit Determination), bien au delà des spécifications initiales. Qu'en est-il trois ans après le lancement, en ce début de mission étendue T/P et à l’aube de T/P Follow On ?
Les premières analyses montraient que les orbites fournies par les deux POD - dites orbites dynamiques - exhibaient un spectre d'erreurs comparable. Parallèlement, l'expérimentation GPS et l'analyse de ses données mettaient en évidence des zones géographiques où les erreurs d'orbites paraissaient corrélées. Mais, les traitements par dynamique réduite étaient d'autant meilleurs que l'orbite initiale (c'est-à-dire dynamique) était la plus proche de la réalité. A long terme, cependant, seuls le laser et DORIS restaient les systèmes nominaux de mesures pour le calcul de la trajectoire de T/P.
Ces différents constats ont motivé une activité importante au niveau des spécialistes d'orbitographie aussi bien du côté américain que français. D'abord, en ce qui concerne les modèles dynamiques, deux éléments essentiels sont à signaler. On dispose d'un nouveau modèle de champ de gravité JGM3 dans lequel la contribution des mesures du système GPS est incontestable. De même, un nombre impressionnant de modèles de marées océaniques était désormais disponible pour les POD CNES et NASA. Ensuite, il est aussi incontestable que DORIS restait un système de poursuite essentiel pour T/P, en termes de continuité et de disponibilité. Une stratégie de restitution d'orbite analogue à la "dynamique réduite", basée sur les spécificités du système DORIS a été développée et a conduit à la production de l'orbite ELFE. Par rapport aux productions antérieures, les orbites issues des deux POD devraient être de qualité comparables, mais différer de par leurs spectres d'erreurs, offrant ainsi aux utilisateurs deux échantillons statistiquement plus indépendants. C'est tout au moins l'objectif poursuivi.
Afin de préserver la continuité, l'ensemble des cycles de T/P a été retraité, et est disponible sous forme d'orbite dynamique par le POD NASA et sous forme d'orbite ELFE par le POD CNES. Cela représente un travail important qui entraîne une contribution analogue de la part de la communauté des océanographes avec cependant l'espoir de gagner en précision centimètre par centimètre, dans cette aventure passionnante.
F. Nouel (CNES, France)
Rédacteur en chef : Patrick Vincent
Comité de rédaction : Frédérique Blanc
Ont également contribué à ce document : N. Ayoub, J. Barckicke, B. Barotto, S. Barstow, J.-P. Berthias, E. Blayo, P. Brasseur, N. J. Bravo, C. Brossier, P. De Mey, D. B. Enfield, L.L. Fu, J. E. Haris, G. Larnicol, P. Lasnier, P.-Y. Le Traon, S. Loeul, Y. Ménard, J.-F. Minster, F. Nouel, G. Pihos, R. D. Smith, J. Verron, R. Zaharia.
Traduction en français : C. Houba
Création : D. Ducros