Dès le milieu du XIXe siècle, le rôle des grands courants marins dans le transport de chaleur de l’équateur vers les pôles était connu – on en trouve des traces dans les romans de Jules Verne. Plus d’un siècle plus tard, avec les satellites, leurs turbulences, leurs méandres, et surtout l’omniprésence des tourbillons dans les océans, dans les grands courants mais aussi partout ailleurs ont été rendus visibles et mesurables.
Les courants océaniques sont pour une large part "géostrophiques", c'est-à-dire qu'ils dépendent des bosses et des creux de l'océan, ainsi que de la rotation de la Terre selon un mécanisme similaire aux vents autour des anticyclones et dépressions de l’atmosphère. L'altimétrie classique le long de la trace permet d’en calculer les composantes transversales, perpendiculaires aux traces au sol du satellite, ou, lorsque les données de plusieurs missions sont combinées en grilles 2D, de calculer la totalité des courants géostrophiques.
Swot fournit d’emblée ses mesures en deux dimensions sous les fauchées, de sorte que les courants géostrophiques peuvent être calculés directement à partir de celles-ci. Ils sont donc calculés à partir de hauteurs de mer mesurées au même moment, et ce avec la résolution de l’altimètre interféromètre KaRIn, 250 m ou 2 km. Dans les courants très puissants et turbulents tels que le Gulf Stream, le Kuroshio ou le courant des Aiguilles, ces mesures simultanées sont particulièrement intéressantes car ils présentent de nombreux tourbillons et méandres qui varient rapidement.