Ce mois verra le 20e anniversaire du lancement de la mission Topex/Poseidon (le 10 août 1992). Si Topex/Poseidon n'est pas la première mission altimétrique qui aie jamais volé (ERS-1 fut lancé l'année précédente, et plusieurs autres satellites ont prouvé le concept auparavant), son lancement marque le début d'une nouvelle ère pour cette technique. A partir de ce moment, et encore aujourd'hui, la communauté des utilisateurs de l'altimétrie a cru, le nombre d'utilisations, d'applications et de résultats ont explosé dans une grande variété de domaines.
Une explosion d'applications
Il y a 20 ans, les objectifs de la mission Topex/Poséidon concernaient l'océanographie physique à grande échelle, le géoïde et le climat. Cependant, les utilisations "inattendues" de l'altimétrie (et/ou des données auxiliaires de l'altimétrie) se sont diversifiées de façon très importante au fil des années. Ci-dessous quelques exemples (les liens sont les premières et dernières mentions en date dans la rubrique "Image du Mois" de ce site)
Ailleurs que sur l'océan proprement dit :
- l'hydrologie (surveillance des fleuves et lacs) est probablement l'une des premières applications "hors océan" à avoir été développées
(Août 1999 : les grands lacs sous l'oeil de Topex/Poséidon,... Déc. 2011 : A la recherche de l'eau perdue ) - les glaces, surtout les glaces de mer pour T/P et les Jason puisqu'ils ne mesurent "que" jusqu'à 66° de latitude - mais un grand nombre de résultats intéressants ont été produits également par les ERS et Envisat (Avril 2000 : des fleuves de glace en Antarctique,... Juin 2012 : les glaces de l'Antarctique s'amincissent), et le sont en ce moment avec Cryosat.
- les surfaces continentales (Janv. 2004 : altimétrie : aussi sur terre)
De nouvelles façons d'utiliser les données altimétriques ont été trouvées par les chercheurs (à partir des échos radar, du coefficient de rétrodiffusion...)
- l'extraction d'information sur la rugosité de surface, menant, par exemple à une "image" d'île (Déc. 2010 : une île "vue" par un altimètre)
- la détection d'icebergs (Nov. 2008 : compter les icebergs)
En combinant les données des altimètre et des radiomètres embarqués, on obtient des perspectives intéressantes :
- la classification des types de glaces, ou les dates de gel sur les lacs (Juin 2008 : classer la glace depuis l'espace ... Févr. 2009 : eau ou glace ?; Mai 2006 : les glaces du lac Baïkal)
- les pluies au-dessus des océans (Mars 2000 : il pleut sur la mer, Juin 2005 : des nuages dans le ciel des altimètres)
Et, surtout, sur océan et en utilisant les mesures "normales" des altimètres, des applications non prévues ont été développées :
- les études mésoéchelles, y compris le suivi des tourbillons. Le fait que sur les 20 dernières années, il y a presque toujours eu au moins deux satellites altimétriques mesurant au même moment a permis d'accéder aux structures "mésoéchelle", alors qu'avec seulement Topex/Poséidon ou Jason, celles-ci auraient été juste entr'aperçues.
(Juil. 2000 : au confluent des courants ... Mars 2011 : 177 000 tourbillons, Mars 2012 : en suivant le flot changeant du Kuroshio) - l'intensification des cyclones tropicaux, en utilisant la topographie dynamique pour calculer le potentiel de chaleur (Avril 2001 : Topex/Poséidon sur la trace d'un cyclone, ...)
- les "filaments", ou l'extraction de structures sub-mésoéchelle à partir de séries de cartes mésoéchelles altimétriques (Oct. 2008 : dévider les fils des mesures altimétriques)
- à partir de la surface moyenne océanique altimétrique, et de mesures in situ, on peut déduire une bathymétrie
- et, bien sûr, les applications opérationnelles de l'altimétrie, dont les modèles. Ceci n'était pas prévu pour Topex/Poséidon (il n'y avait pas de données délivrées en "temps quasi-réel", mais fait maintenant partie intégrante des objectifs de Jason-2 et bientôt Jason-3.
On note aussi que, maintenant, les recherches comme les applications pratiques combinent différentes techniques : l'altimétrie et d'autres mesures spatiales (Température de surface, couleur de l'eau ou radar à synthèse d'ouverture,...), l'altimétrie et des mesures in situ (Argo en particulier), l'altimétrie et des données issues de modèles d'océan,...
Une communauté en pleine expansion
Aux tout débuts de Topex/Poséidon, la communauté des utilisateurs comprenait essentiellement les 35 Principal investigators (et leurs équipes) de l'équipe scientifique (SWT). Maintenant, l'équipe scientifique elle-même comprend 85 PI, et les réunions annuelles environ 200 personnes. La prochaine conférence inclura encore plus d'ingénieurs, chercheurs et scientifiques (plus de 400), car, pour célébrer les 20 ans d'altimétrie, une grande conférence sur l'altimétrie en général se tiendra fin septembre à Venise.
110 utilisateurs Aviso étaient inscrits en 1993 (Newsletter Aviso n°2, mai 1993) ; maintenant ils sont plus de 3200, et ce en ne comptant "que" les personnes inscrites via Aviso. D'autres centres distribuent aussi des données altimétriques. De plus, l'altimétrie est en fait utile à un encore plus grand nombre de personnes, via en particulier les modèles d'océan qui assimilent en continu les données altimétriques.