A gauche, Anomalies du niveau de la mer avec la trajectoire de Surigae superposée (code de couleur et de taille en rapport à la vitesse du vent mesurée) le 20 avril 2021. Les vents du typhon ont légèrement baissé après avoir traversé une zone de hauteur de mer inférieure à la moyenne, probablement parce que l'eau y était un peu plus froide. (voir l'animation du 13 avril au 24 avril 2021). A droite, hauteur significative des vagues (niveau 3) et trajectoire du cyclone (points, même code couleur que la carte d'anomalies de hauteur de mer). Les hauteurs significatives de vagues les plus élevées sont de l'ordre de 10 m (voir l'animation du 15 avril au 24 avril) (SLA et SWH : données du Marine Copernicus Service, provenant des altimètres - tous satellites opérationnels disponibles : Saral, CFOSat, Cryosat-2, HY-2B, Jason-3, Sentinel-3A, Sentinel-3B ; trajectoire du typhon provenant des données de meilleure trajectoire de l'Agence météorologique japonaise. Tracé Aviso).

Le typhon Surigae a sévi dans le Pacifique Nord-Ouest le mois dernier (13-25 avril 2021). Il s'agit du typhon le plus puissant jamais signalé en avril, avec un diamètre de plus de 110 km à son point le plus large, des vents atteignant 220 km/h avec des rafales à plus de 300 km/h. Il a bien sûr été suivi par les satellites météorologiques, mais d'autres satellites ont également effectué des mesures, notamment des satellites altimétriques. Heureusement, il est resté essentiellement au-dessus de l'océan et a donc occasionné relativement peu de dégâts sur les terres.
L'altimétrie peut aider à la prévision des cyclones tropicaux sur deux aspects bien différents. Le premier et le plus évident est la mesure de la hauteur significative des vagues et de la vitesse du vent, permises par l'analyse de la pente et de la puissance des échos radars réfléchis par la surface et reçu en retour par l'altimètre à bord du satellite. Ces mesures peuvent être assimilées dans les modèles de prévision, et utilisées pour les valider et/ou les améliorer, y compris dans des zones où il n'y a pas forcément beaucoup de mesures in situ. Une autre raison est le fait que les anomalies du niveau de la mer, mesurées à la surface, sont un reflet du contenu thermique sous-jacent. Or la chaleur des premiers mètres de l'océan est le carburant de ces cyclones.
Un certain nombre d'autres satellites observent ces phénomènes, et leurs données sont également utilisées pour améliorer les prévisions. Les satellites embarquant des radars à synthèse d'ouverture Sentinel-1A et B, notamment, qui font partie de la constellation Copernicus de l'Union Européenne, fournissent de telles informations grâce à une programmation spécifique réalisée par les équipes de l'Agence Spatiale Europénne. Ces satellites fournissent des mesures plus localisées, avec une résolution spatiale beaucoup plus élevée et sur une fauchée. Ils permettent également de déduire des vitesses de vents très fortes, et d'obtenir une image précise de l'œil du typhon, montrant même parfois, pour les cyclones les plus puissant un second mur de l'œil, temporaire (vu sur Surigae, par exemple, les 17 et 18 avril).
La combinaison de différents satellites, et de différentes techniques, l'amélioration de celles qui existent et l'ajout de nouvelles technologies permettent d'avoir une vision multi-perspective des phénomènes extrêmes. Ceci permet de mieux caractériser les interactions océan-atmosphère au cours de ceux-ci (voir [Combot et al., 2020]) et éventuellement d'aider à la prévision de la trajectoire et de l'intensité des cyclones. CFOSat en particulier est très prometteur pour observer à la fois les vagues et les vents au-dessus des cyclones tropicaux, et pour les assimiler dans les modèles (voir [Yurovskaya et al., 2021]).
Voir aussi :
- Image du mois, oct. 2016 : Un typhon vu par satellites
- Image du mois, nov. 2013 : Le typhon Haiyan vu par Saral
- Image du mois, août 2013 : Altimétrie et typhons
- Applications : Atmosphère, vent et vagues
- Applications : Katrina : intensification de l'ouragan
Plus d'information sur ce thème :
- CYclone Monitoring Service basé sur Sentinel-1, un projet ESA par CLS et l'Ifremer pour implémenter une stratégie de suivi des cyclones tropicaux utilisant les satellites embarquant des radars à synthèse d'ouverture.
- Clément Combot, Yves Quilfen, Alexis Mouche, Jérôme Gourrion, Clément de Boyer Montégut, Bertrand Chapron, Jean Tournadre, 2020: Space-based observations of surface signatures in the wake of the 2018 Eastern Pacific tropical cyclones, In: Copernicus Marine Service Ocean State Report, Issue 4, Journal of Operational Oceanography, 13:sup1, s88–s91; DOI: 10.1080/1755876X.2020.1785097
- Maria Yurovskaya, Vladimir Kudryavstev, Alexey Mironov, Alexis Mouche, Bertrand Chapron, 2021: Combined CFOSAT SWIM and SCAT measurements: a tropical cyclone case study, CFOSat Science Team meeting (virtuel)